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Une technique de sauvetage
Difficiles à réussir, ces techniques, car il existe non pas un mais des greffages, demandent un bon tour de main et de l'habitude. De manière grossière, le but des opérations est de faire croître un fragment de branche, le greffon, sur une autre plante, appelée porte-greffe, souvent de variété différente. Peut-être le saviez-vous déjà, mais la France doit la conservation de son patrimoine vini-viticole grâce à une technique de greffage, dite en oméga. En effet, à partir de 1868, le vignoble français est décimé par un petit puceron racinaire, le tristement célèbre Phylloxera, auquel nos variétés locales n'étaient pas résistantes. Par contre, les cépages américains l'étaient. Les pépiniéristes ont alors mis au point une méthode qui consistait à prendre pour porte-greffe un cépage américain, dont les racines insensibles seraient dans le sol, et à lui additionner un greffon de cépage français, afin que les fruits portés puisse poursuivre la tradition des grands crus. Aujourd'hui en Europe, c'est la quasi totalité du vignoble qui est ainsi greffé. Cet exemple met en lumière l'immense avantage de la greffe : combiner les qualités de deux plantes : la vigueur de croissance pour le pied et la qualité de floraison ou de fructification du greffon.
Tous les greffages ne seront pas détaillés, pour la bonne raison que certains ne sont employés que par les professionnels de la multiplication végétale. De plus, le mieux est que vous trouviez quelqu'un pouvant vous faire une démonstration sous vos yeux, car la réussite est très liée à l'habileté technique, qui s'apprend mieux en observant qu'en lisant ! Cependant, il peut vous être utile de savoir que la greffe en couronne est par exemple pratiquée pour réparer des branches cassées d'arbres et d'arbustes, ou pour greffer un précédent greffon ayant pris, qui jouera alors le rôle de porte-greffe à son tour. La greffe en anglaise est une autre pratique courante en viticulture. La greffe en incrustation quant à elle est surtout rencontrée pour les arbres fruitiers tels que le prunier, l'abricotier, le cerisier, le pêcher et autres porteurs de fruits à noyaux. Les conifères peuvent être traités par greffe de côté sous écorce ou en plaçage.
La greffe la plus facile et la plus courante est celle dite en écusson. Pour ce faire, vous devrez inciser délicatement l'écorce du porte-greffe en forme de "T". La barre verticale du T doit être dans la direction de celle de la tige. N'entaillez pas trop profondément le bois ! Le greffon, pour sa part, est à tailler en biseau très aplati à son extrémité basale, et vous devrez aussi le mettre à nu. Bas les feuilles ! Mais conservez les pétioles sur ce rameau choisi vigoureux. Ensuite, il vous faudra, avec toute la douceur dont vous êtes capable, glisser la partie biseautée du greffon sous l'écorce du porte-greffe, en le faisant rentrer dessous par la barre horizontale du T, puis en le poussant gentiment le long de la tige. Il ne vous reste qu'à ligaturer votre oeuvre avec du raphia humide, et à patienter!
Plantes concernées
Ce sont essentiellement les rosiers, les arbres fruitiers et les arbustes à feuillage coloré ou panaché qui sont greffés, par des professionnels familiers des méthodes. (confer nos articles sur la greffe du prunier et la greffe du cerisier
Précautions et limites
Les outils que vous utilisez pour effectuer des greffes doivent être bien affutés (gare à vos doigts!) et propres. En effet, ces pratiques blessent la plante à vif en quelque sorte, vous jouez tout de même les chirurgiens d'une certaine façon. Une désinfection en règle à l'alcool à 90° s'impose. Dans le même ordre d'idée, il est conseillé d'appliquer un mastic sur les parties greffées pour les protéger des attaques bactériennes. Ce mastic est commercialisé en jardineries. Essayez autant que possible de faire des entailles discrètes et précises, sinon votre plante présentera définitivement de vilains moignons.
Peut-être n'avez-vous pas eu la chance de voir le sketche de l'acteur belge Raymond Devos intitulé "Le bout du bout", mais vous conviendrez quand bien même que lorsque l'on tient un bout de bois sans feuilles, on est bien en peine de dire quel bout était orienté côté tronc et lequel l'était côté ciel. Pour éviter ce genre de désagréments, et de placer votre greffon tête dans le bois, ce qui compromettrait fortement les chances de réussite de l'opération, prenez un marqueur et apposez un signe reconnaissable sur le rameau choisi afin de savoir quel bout est lequel. Ce genre d'astuce est aussi parfois pratique en bouturage.
Le greffage étant dans l'ensemble délicat, ne vous mettez pas en difficulté inutilement et ne l'utilisez que si c'est vraiment nécessaire. Par exemple, si vous possédez une variété ancienne de rose qui n'est plus commercialisée et que vous souhaitez renouveler un pied âgé. Et encore une fois, faites-vous de préférence montrer la méthode par un habitué, ce sera plus sûr.
Pour aller plus loin
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